Randonnée UK - Août 2019

Ma randonnée cycliste a duré 6 jours, du 27 août au 1er septembre, pour un total de 641 km. Je suis parti de Camiers (Sainte Cécile) et j’y suis revenu, mais en passant par l’Angleterre, avec une traversée aller par un ferry Dieppe-Newhaven, et un retour par un ferry Douvres-Calais.
A partir de Newhaven j’ai fait une petite boucle pour voir un peu l’intérieur du pays, avant de rejoindre Douvres. Voici en gros le parcours, détails sur Strava.

Dans cette région du Sud Est de l’Angleterre les comtés traversés sont le Hampshire, le West Sussex, puis East Sussex et le Kent.

Ci-dessous mes impressions, en toute subjectivité, sur ce premier contact avec l’Angleterre en vélo.

J1 mardi 26 août : Camiers - Saint Martin en Campagne 126 km

On est en France, c’est un itinéraire que j’avais emprunté pour aller à Etretat il y a quelques semaines. Joli parcours, passage par St Valérie sur Somme, pas de problème, beau temps. Camping 4 étoiles à Saint Martin en Campagne, à 10 km du port de Dieppe, 11 € la nuit, ce qui est un peu cher pour un camping en France.

J2 mercredi 27 août : Saint Martin en Campagne - Dieppe (ferry Dieppe - Newhaven) Newhaven - Chailey 32 km

Petite étape vélo, la traversée en ferry durant 4h. Premier contact avec la circulation anglaise, conduite à gauche (même impression un peu déroutante qu’en voiture). Peut-être est-ce le fait d’être doublé par la droite mais j’ai l’impression fréquente de voitures qui me frôlent d’un peu trop près.
De la pluie, on est quand même en Angleterre... J’y suis arrivé à 16h30 heure française (15h30 local), j’ai roulé une heure vers le nord, et j’ai cherché un camping. C’était en fait déjà un peu tard pour en trouver un. J’utilise Google maps pour trouver les campings du coin (ils appellent ça campsites et ça ne correspond pas tout à fait à nos campings), et dégoter leur numéros de téléphone. J’en vois 3 qui ne sont pas trop loin, j’appelle et j’ai 3 refus ! Ils affichent tous complets…
Finalement le premier se ravise et me rappelle sur mon téléphone pour me proposer quand même une place sur un endroit pas prévu initialement pour une tente.
Chaque camping (ou campsite) en UK semble être attaché à un concept particulier et il est difficile de se faire une idée avant d’y être... Celui-là était écolo-rural, douche solaire, équipement minimal et rustique, pas de courant pour le smartphone ou le gps etc. Pour le petit déjeuner on ne pouvait commander que des oeufs bio… (je n’ai pas pris de popote). Heureusement j’avais mes paquets de Gerblé qui ont d’ailleurs systématiquement fait office de breakfast pendant tout mon séjour anglais. Première précaution : quand on n’a pas de popote il faut avoir une réserve bien garnie de biscuits… Les miens m'ont sauvé, et pas seulement le matin.
L’arrivée en vélo impressionne toujours. Les campeurs cherchent à savoir d’où je viens, ils sont prêts à aider etc....
La nuit est à 12 £, en Angleterre les campings sont chers… et le tarif est sans rapport avec les prestations. En ce moment il faut ajouter 10% au prix affichés en £ pour avoir les €.

Le soir, une fois la tente montée, c’est la quête du pub, seule solution pour manger. Le seul pub accessible ce soir là servait à boire mais pas à manger… mon repas ça a été 2 guinness, un paquet de chips… et quelques biscuits.

J3 jeudi 28 août : Chailey - Graffham 91 km

Petit déjeuner Gerblé puis mon projet était d’aller un peu vers l’ouest, à la verticale de Portmouth. C’est ce que j’ai fait mais cela a été une étape assez décourageante malgré le beau temps. La région est jolie, mais le réseau routier secondaire est, beaucoup plus qu’en France, saturé. Il est difficile d’échapper à la circulation automobile omniprésente, pas ou peu de pistes cyclables et on peut se retrouver sans le vouloir sur des routes de type autoroute, ce qui m’est arrivé… Pas de mise en garde, pas de panneaux d’interdiction aux cyclistes… c'est assez flippant. Je me suis également beaucoup perdu malgré ou à cause de mes GPS et, pas toujours de ma faute. J’ai passé près de 3h à trouver le moyen de traverser une autoroute.
Dès 16h30 je me suis mis en quête d’un camping et là encore 3 ou 4 refus avant d’en trouver un qui m’accepte. Camping normal néanmoins avec sanitaires normaux (ça ne veut pas dire luxueux, par exemple pas de prises rasoir pour le smartphone), tarif normal 10 £. Mes voisins allemands avaient eux payé 16 £ par personne sans raison apparente (ils sont allés protester et je ne sais pas comment ça s’est terminé). J’ai converti l’un d’entre eux à ma tente Huba huba de MSR, qu’il a photographiée sous toutes les coutures….
Pub à 3 km, hamburger délicieux et guiness….pas de problème de ce côté là.

J4 vendredi 29 août : Graffham - Hayling Island 82 km

Même expérience routière, quelques routes de campagne sans voitures mais trop rares, je décide finalement de descendre vers la côte au niveau de Portsmouth.
Multiples problèmes d’orientation là aussi, dus à l’obsession que j’avais d’éviter les grands axes routiers qui m’avaient traumatisé la veille. Vers 16h, c’était trop tôt et je n’avais pas eu le temps de rouler suffisamment, mais je décide, échaudé par mes expériences passées, d’appeler les campings accessibles : que des refus encore (j’ai aussi moi-même refusé une offre d’emplacement sans eau et sans électricité à 20 £, il y a quand même des limites…). Les campings sont soit complets, soit dédiés au caravaning ou à d’autres formes d’habitats. Découragé, je me tenais à côté de mon vélo sans savoir quoi faire. Un anglais qui passait par là m’a demandé si ça allait, je lui ai expliqué mon problème, et il m’a dégoté, au téléphone une place dans un camping dans une île (Hayling island). Quand je vous dis qu’ils sont sympa les anglais... Dans cet immense camping il y avait au moins 300 caravanes, et autant de mobil-home… et, tout à fait marginalement, 3 tentes en comptant la mienne. Mais bon, j’avais mon minuscule coin d’herbe, une douche et un pub pas trop loin,mais pour 20 £ quand même...

J5 samedi 30 août : Hayling Island - Hastings 151 km

Les 3 journées précédentes m’avaient laissé sur ma faim question vélo : j’avais passé mon temps à essayer de m’orienter, beaucoup de demi-tours, d’hésitations, d’inquiétude pour le couchage etc... Je me levai tôt ce matin là, bien décidé à faire du vélo autant que je le pourrais. Mon plan était de rejoindre l’itinéraire que j’avais programmé (par Komoot) de Portsmouth à Douvres et qui devait suivre une “South Coast Cycle Road” que j’espérais dégagée des contraintes automobiles.
Le camarade anglais qui avait trouvé le camping m’avait dit que cette route n’était bien qu’à partir de Worthing (à 60 km de mon point de départ). C’était la vérité : jusqu’à Worthing cette South Coast Cycle Road consiste essentiellement à longer des grands axes routiers sur une piste cyclable approximative, ce qui est tout sauf plaisant, d’autant qu’on ne voit pas la mer… Il faisait beau et chaud, et en état de déshydratation avancée je tombe sur une guérite improbable qui vendait des boissons le long de l’autoroute. J’achète un coca et une bouteille d’eau : la dame stupéfaite de me voir en train de boire d’un trait ce que je venais d'acheter me donne une bouteille d’eau gratis. Quand je vous dis qu’ils sont sympa…
Mais après Worthing ce n'est que du bonheur : la piste cyclable court sur les jetées, les bords de mer, les belles villes (Brighton, Lewes, Folkestone, Hastings…). Pas de problème d’orientation il suffit de suivre, au GPS, la piste sur 100 km… du vélo, du soleil, la mer, enfin!
Tout à mon bonheur de rouler j’en oublie les campings : quand je me décide à rechercher il est trop tard. Là aussi que des refus, je crois même avoir été insulté au téléphone… Je me rabats sur des lieux plus improbables et finis par être accepté dans une ferme : c’est un champ immense et désert, et en guise de sanitaires un truc rustique monté sur roues et qui combine dans la même réduit minuscule un chiotte et une douche (ce qui ne donne pas vraiment envie de se laver…) avec un niveau d’équipement d’avant l’invention de l’électricité. Ces royales prestations me sont facturées 15 £, soit 50% plus cher que le camping 4 étoiles de Dieppe….
Heureusement à quelques miles de là il y avait un pub...

J6 dimanche 1 septembre : Hastings - Dover (ferry Dover Calais) Calais Camiers 148 km

Étape en 3 parties : Hastings Douvres, ferry,  puis Calais Camiers.
Jusqu’à Douvres je continue à suivre la South Coast Cycle Road, sur 80 km environ. Ça a été, dans le Kent, la meilleure partie de mon périple en Angleterre. Des moutons, encore des moutons, des falaises, des prés salés, la mer… c’était beau et apaisant, sur pistes cyclables (80%) ou routes tranquilles (il y en a quand même parfois).

J'ai le temps avant le bateau de manger une dernière fois au pub, sur les hauteurs de Douvres, dans un paisible Beer Garden où j'ai même pu m'assoupir. Miracle, ils m'ont servi un plat avec des légumes variés qui ne sont ni des peas, ni des beans ni des french chips. Dernière guinness avant le ferry...
Le bateau à Douvres partait à 17h pour une arrivée à Calais à 19h30. A ce sujet les cyclistes sont des entités reconnues par les ferries, que ce soit en France ou en Angleterre, avec des procédures de guidage, de contrôles, d’embarquement et de débarquement spécifiques. A Calais un véhicule dédié m’a même aidé à sortir du port en shuntant la queue des voitures...
La seconde partie française de cette étape, d’une longueur de 70 bornes environ, a donc été en grande partie nocturne. J’ai quitté Calais en longeant un joli canal, puis après c’était les petites routes du boulonnais dans la nuit. Arrivé à Camiers à 23h30, j’ai adoré aussi cette dernière partie là…


Mes conclusions

Les routes anglaises

Le problème principal est donc la circulation automobile. Être doublé par 100 voitures à la minute finit par taper sur les nerfs, sans même évoquer la question de la sécurité. Un réseau saturé donc, y compris celui des routes secondaires. Je ne sais pas à quoi c‘est dû : insuffisance du réseau routier lui-même, trop peu d’autoroutes et de grands axes dédiés aux voitures, période de l’année chargée par le tourisme…? Est-ce que c’est particulier aux régions traversées ou généralisé au pays…?

Les pistes cyclabes

En dehors des circuits identifiés très de peu de pistes cyclables, souvent pas bien assumées (piste ou pas piste, on ne sait pas toujours, peu de panneaux ou d’indications claires…).
Il y a plusieurs circuits cyclables tels que la “South Coast Cycle Road” que j’ai emprunté sur 250 km environ. Ils constituent une alternative bienvenue mais le fléchage de ces circuits est à lui seul insuffisant pour assurer le suivi. Il faut donc au préalable enregistrer sur le GPS l’itinéraire. De longues sections (à vue de nez 20%) peuvent être non goudronnées, elles restent praticables pour un vélo de randonnée, un gravel ou un VTT mais pas pour un vélo de route.

Manger

Sans popote les pubs sont le moyen principal pour manger. On y mange pas trop mal, un plat tel que ceux que j’ai photographiés tourne autour de 9 £, une guinness autour de 4 £. Il m’est arrivé d’y manger également le midi : ils ont souvent des “beer garden” qui permettent de manger dehors quand il fait beau, et c’est franchement agréable. A cette occasion j’ai pu constaté que la guinness le midi ne m’empêche pas de pédaler l’après-midi, je commence à croire aux vertus de cette bière vantées par les Irlandais. La traversée de ville permettaient à l’occasion d'acheter un sandwich le midi mais on tombe rarement sur une enseigne qui le permet (à l’inverse de nos boulangeries en France)

Camper

J’avoue que je ne sais toujours pas s’il faut dire camping ou campsite, et si ma méthode qui consiste à les repérer sur Google Maps est la meilleure. Ceux qu’on repère par ce moyen peuvent être de natures très variés et il est difficile de savoir autrement qu’en téléphonant si un site accepte tout simplement les tentes. Généralement quand je téléphonais (et que c’était effectivement un camping) il était possible de réserver… mais pas pour le soir même parce que c’était complet ! Un des avantages en principe de la tente est qu’elle permet au contraire d’improviser (l’autre avantage reste le prix de l'hébergement), mais cela s’est révélé moyennement vrai dans mon cas. Se préoccuper d’un camping dès 4h de l’après midi peut sembler tôt (en Angleterre 4h c’est 5h) mais en se déplaçant à 15 km/h il faut un certain temps, sauf coup de chance, pour rejoindre le camping repéré. Ensuite il faut bien sûr monter la tente, prendre une douche, vider les sacs, ranger etc... avant de partir de nouveau à vélo à la recherche d’un pub, qui n’est pas toujours tout près du camp, pour manger. Cependant et heureusement, même si les anglais mangent tôt, les pubs servent généralement de 18h à 21h.

L’électricité

J’ai dû renoncer à la possibilité de recharger dans les campings. Je n’ai rencontré qu’une seule fois des sanitaires avec une prise pour rasoir mais j’ai été dans l’impossibilité de me brancher (j’avais pourtant l’adaptateur pour prise anglaise). J’ai donc utilisé ma batterie (capacité 27 Ah) tous les jours pour mon GPS et smartphone, et occasionnellement pour l’éclairage d’appoint. La capacité du GPS (Garmin 1030) est environ 3 Ah, c’est celle du smartphone également. Le premier terminait sa journée aux alentours de 60% de sa charge maximale, le second (très sollicité : navigation, photos, téléphone, whatsapp, internet, voire lecteur MP3 le soir etc….) à 20%. Ça nous fait 3X0,4 + 3X0,8 Ah à fournir chaque jour, soit 3,6 Ah. Compte tenu de la capacité de la batterie on peut tenir comme ça pendant 7,5 jours… Elle s’est montrée effectivement suffisante pour les 6 jours de randonnée et je ne regrette pas d’avoir, lors de l’achat de cette batterie, privilégié la capacité au détriment du poids (elle est assez lourde : 500g).

Navigation

Pour me repérer j’avais une carte 1/400.000 du sud de l’Angleterre, qui seule serait trop peu précise pour une randonnée cycliste, d’autant qu’on souhaite en général éviter les grands axes et que ce sont essentiellement ceux là qui sont visibles sur la carte. Sur cette carte Michelin les routes en rouge et jaune sont à éviter parce ce sont en général des axes très chargés. Les routes en blanc sont jouables mais on ne peut pas construire son itinéraire qu’avec celles-là. J’avais également un GPS Garmin, que j’utilisais en combinaison avec la carte en me fixant des objectifs intermédiaires au fil de l’eau. J’ai eu un bug au niveau du GPS qui m’a fait perdre pas mal de temps et qui a failli me rendre dingue. Je n’ai compris qu’après la raison : il y avait des zones rectangulaires manquantes dans la carte (des tiles, cad des portions rectangulaires de carte) qui faisaient par exemple que le GPS propose, pour un village situé 6 km plus loin sur la même route, un circuit de 80 km contournant le tile manquant.
Pour les derniers km, ceux qui consistaient à me rendre au camping repéré, j’utilisais mon smartphone.

Les gens

Les gens, je l’ai dit, sont le plus souvent très sympas, que ce soit ceux qui sont à l’accueil dans les campings ou les pubs, ou les autres. On voit que ça les démange de me demander d’où je viens, où je vais ou si je trouve leur région jolie. Par tact ils ne le font pas tout de suite, ils attendent l’occasion de me poser ces questions. Ils sont toujours prêts à aider et le proposent spontanément (monter la tente, trouver un camping, m’informer etc…). Je ne suis pas sûr qu’on fasse de même avec les anglais en vacances chez nous…!

Les paysages

A l’intérieur, Hampshire ou Sussex, les paysages sont d’une beauté tranquille : des forêts, des collines, des champs, de belles “farms” avec pour chacune un panneau et un emblème, des églises aussi et leur cimetière gazonné, de jolis villes ou villages. C’est plutôt chic et plutôt riche. Les routes ne sont presque jamais plates, ça vallonne tout le temps, les côtes peuvent être très pentues mais elles ne sont jamais très longues, l’altitude maximale plafonnant autour de 100 m. Ça ressemble au Boulonnais, même si ce dernier est plus rude (altitude max 200 m environ).
La piste côtière est essentiellement plate. Aux alentours de Douvres on peut retrouver néanmoins des pentes très raides, falaises obligent… J’ai dû en monter certaines à pieds en poussant mon vélo. Les paysages du Kent sont magnifiques, beaucoup de monde se baladent à pied en bord de mer, les villes sont belles et vivantes (Brighton, Lewes, Folkestone, Hastings, Worthing…).

Revenir

En conclusion, malgré ce bilan en demi-teinte, j’ai encore envie d’explorer l’Angleterre à vélo, néanmoins je crois que je privilégierai des régions moins denses (genre Ecosse, ou peut-être pays de Galle). J’aimerais notamment aller à Llanfair­pwll­gwyn­gyll­go­gery­chwyrndrobwll­llan­tysilio­gogo­goch dans le nord du pays de Galle, avis aux amateurs...
Quelques photos prises au smartphone… (j’avais oublié mon appareil photo): https://colin88.smugmug.com/Sports/V%C3%A9lo/UK-2019/



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