Ventoux 2019

du 18 au 21 octobre avec Pascal et Patrick 

Voici notre périple

  • TGV Ouigo Lille Avignon
  • Avignon-Violès : 41 km
  • Boucle Violès-Ventoux : 121 km
  • Promenade Seguret : 24 km
  • Retour Violès-Avignon  en voiture
  • TGV Ouigo Avignon-Lille

Impressions générales

L’objectif était de refaire ce que nous avions fait en 2010 c’est à dire une boucle Violès-Bedoin-Ventoux-Malaucènes-Violès le samedi, et une boucle autour du Ventoux avec un retour par Sault et la vallée de la Nesque le dimanche.
Mais, même si on a passé un bon moment, les conditions météo sont venues largement perturber ce plan.

Le Ouigo

C’était la première fois qu’on prenait le Ouigo, avec vélo de surcroît. Les conditions de bagages commencent à ressembler à celles d’un avion, il faut s’acquitter d’un supplément (5€) pour transporter un bagage volumineux, et ce supplément ne garantit pas d’avoir un espace réservé. On était dans le même wagon et nous avions le même sac Btwin (et non la housse légère qu’on prend d’habitude) : bien nous en a pris, les sangles facilitent beaucoup le portage et ces sacs protègent mieux les vélos. Une fois plié chaque sac était transportable dans un sac à dos (pour 40km c’était OK). A l’aller comme au retour on a pu ranger nos 3 vélos dans l’espace bagage situé tout au fond du wagon, pas de pb de ce côté là.
Pour le retour attente de 2h à Roissy en raison d’un suicide le matin même.

Avignon Violès

 Le trajet Avignon TGV - Violès a été particulièrement éprouvant… Avignon est une ville catastrophique pour les vélos et dès la sortie de la gare les ennuis ont commencé, identiques à ceux que j’avais déjà eus au même endroit avec mon Brompton il y a 2 ans dans le cadre de mon boulot. Nous avons fait plusieurs tours de lancement (comme à Dijon) avant de finir, après plusieurs tentatives alternatives ratées, par accepter de nous engager sur un itinéraire dangereux pour les cyclistes, sur une vingtaine de km (comment avions-nous fait en 2009 ?)  Heureusement sur les 20 derniers km, il s’agissait de petites routes agréables. Accueil au gîte formidable qui allait se confirmer par la suite.

Le Ventoux

Evidemment la journée du Ventoux le samedi allait constituer le plat principal du séjour. Patrick notamment, qui nous avait proposé cette destination, était, comme la suite allait le prouver, prêt à tout pour atteindre le sommet…
La météo s'annonçait médiocre, elle s’est révélée catastrophique au sommet.
Jusqu’à Bédoin pas de problèmes, les rares photos faites l’ont été sur ce tronçon. Après le plein d’eau à Bédoin on s’engage sur la montée, chacun plutôt bien dans son rythme.
Mais au 5ème km de montée Patrick casse son dérailleur arrière, qu’on a retrouvé complètement tordu et étroitement imbriqué dans les rayons de sa roue (comme dit Patrick, on imagine la puissance du cycliste pour aboutir à ça). Comme c’était bien sûr irréparable sur place nous décidons de redescendre sur Bédoin, sans dérailleur et sans chaîne pour ce qui concerne Patrick. On trouve un concessionnaire Trek qui accepte de lui louer un vélo et de faire la  réparation pendant notre ascension. On ne savait pas qu’on allait passer pas mal de temps, surtout Pascal, à cet endroit, et qu’on finirait par sympathiser avec les gens, ainsi qu’avec l’équipe Pinarello qui tenait un stand là, avec une pompe à bière...
Donc on repart, avec pas mal de retard sur notre plan de route et avec l’objectif de revenir par Bédoin, et non Malaucènes comme prévu initialement, pour que Patrick puisse rendre son vélo de location et récupérer son vélo réparé.
Le redémarrage a été laborieux, nous avions été cassé dans notre élan par l’incident et nous avons eu du mal à retrouver le même allant. 
Chacun monte comme il peut et à son rythme donc. J’arrive au chalet Reynard, je me pose la question d’attendre mes camarades, je décide que non finalement (je me sens pas sympa et je culpabilise, je me culpabiliserais encore plus par la suite ) parce qu’il faisait froid (4°) et donc je continue. Il me semblait qu’un brouillard commençait à s’installer : raison de plus pour ne pas traîner. Je monte donc les 6 km restants, avec une inquiétude croissante, le brouillard s’épaississait, on ne voyait rien, même pas les cailloux sur le bord, il n’y avait personne (pas un cycliste!) et surtout le vent montait en puissance de façon  inquiétante.
A 1 km du sommet le vent devenait démentiel, j’aurais dû arrêter, mais qui peut se résoudre à ça si près du but ?
Je n’ai pas réussi à prendre l’ultime épingle à cheveu à vélo, je descends de vélo en catastrophe, au passage le vent m’arrache mes lunettes (Patrick  a perdu également les siennes, arrachées au même endroit…), courbé en deux, le vélo à la main (qui volait au vent au bout de mon bras), accroché à une rampe, je remonte contre le vent les derniers mètres, pour trouver un recoin un peu abrité. Je cherchai le nouveau panneau Mont Ventoux. J’avais vu sur le web que ce panneau était nouveau (le précédent a été volé…), et je savais que le nouveau était en hauteur pour éviter l'étiquetage sauvage qui rendait le précédent illisible… Celui-ci était également illisible, en raison cette fois du brouillard, on pouvait à peine en deviner les contours…!
Je décidais de téléphoner à mes camarades pour leur dire de ne surtout pas monter jusqu’au sommet, et que les conditions y étaient épouvantables. SMS impossibles (doigts mouillés, pluies…), je parviens à laisser des messages vocaux… comme c’était intenable je décide de redescendre tout de suite. 
Je m’accroche à la rampe d’une main, je laisse voler mon vélo de l’autre (mon vélo était à l’horizontale!) j’arrive en bas de cette rampe  que je ne parviens pas à lâcher par peur d’être emporté…! Une voiture passe à ce moment là et m’aperçoit dans cette posture. Elle s’arrête pour me protéger du vent, m’ouvre son (grand) coffre pour le vélo, et me trouve une place à l’arrache (il y avait déjà les parents, les grands parents, les enfants…) pour me conduire un peu plus bas, davantage à l’abri. 
En plein brouillard la voiture roulait au pas, on avait la trouille de sortir de la route, et c’est comme ça qu’on s’est retrouvé à l’insu de notre plein gré sur la route de Malaucènes (et non de Bédoin où je devais retourner)... 
Dans une section à l’abri des arbres je décide de quitter la voiture avec force remerciements de ma part envers mes sauveteurs… Je réussis à joindre Pascal au téléphone, réfugié au chalet Reynard, bloqué par un brouillard inouï… Il ne comprenait rien parce qu’il pensait nous trouver là, Patrick et moi, parce qu’il était impensable à ses yeux qu’on ait décidé de  poursuivre vers le sommet. Mais voilà, au moment où nous étions à la hauteur du chalet le brouillard n’était pas totalement installé pour moi, et même s’il l’était un peu plus pour Patrick c’était Patrick...et c’est précisément ça qui m’inquiétait ! Je savais qu’il était prêt à tout pour arriver en haut ! Je lui envoie un ultime sms pour le dissuader. Aujourd’hui Patrick se moque de moi avec ce sms parce que j’ai tenté de lui sauver la vie, l’ingratitude des copains…! Il est donc arrivé en haut, ses lunettes à lui aussi ont été arrachées par ce même vent dément (bien fait). Ce qui me fait plaisir c’est que dans la purée de poix en haut il a crié Jef! Jef! parce qu’il me cherchait, plein d’espoir, dans sa propre détresse, à l’idée de me retrouver (décidément j’aime bien m’imaginer cette scène). En effet, comme il est  arrivé juste après moi, et qu’il ne m’avait pas croisé en montant, il pensait que j’étais resté en haut à l’attendre, mais moi même je n’aurais pas pu le croiser puisque j’étais redescendu vers Malaucènes (vous suivez?)…
Pendant ce temps, après quelques chocolats chauds, Pascal, qui crevait de froid, comme nous tous, décidait de redescendre chez le loueur de Bédoin. Il allait y passer un bon moment, boire quelques bières, apprendre par coeur la gamme Piranello, y choisir son prochain vélo (11000€), discuter le coup avec tout le monde (il sait faire) et téléphoner toutes les 10 mn, comme moi d’ailleurs, à Patrick dans l’espoir d’avoir une réponse, qui n’est jamais venue, ou si tard...
De mon côté parvenu à Malaucènes, je rejoignais Bédoin en passant pour la deuxième fois de la journée par le petit col de la Madeleine. Mes pensées tournaient en boucle.
En version pessimiste,  Patrick balayé par le vent, est au fond d’un ravin, peut-être pourra-t’on  le localiser grâce à son téléphone mais les communications étaient si mauvaises, la couverture sera-t-elle suffisante, j’aurais dû l’attendre au chalet Reynard, il n’a rien à manger (je portais son sandwich dans mon sac à dos) etc.
En version optimiste : il a réussi à descendre à pied, mais comme on n’y voit rien il aura certainement pris la direction de Malaucènes… mais alors pourquoi il ne répond pas au téléphone etc.
De retour à Bédoin, je tombais sur Pascal, toujours chez le loueur de vélo, au téléphone avec Patrick qui lui disait qu’il serait là dans 3 mn. Un peu plus tard, après quelques bières réparatrices, le retour vers Violès, avec pour Patrick un vélo réparé,  ne fut que du bonheur avec le vent chaud qui nous poussait dans le dos…

Le dimanche

Le vent précisément, devenait  de plus en plus fort en plaine et il a forci tout au long de la journée. Il nous a empêché de réaliser la boucle d’une centaine de km qu’on avait planifiée autour du massif du Ventoux pour le dimanche. Des violentes rafales poussaient nos vélos dans des directions incontrôlables, c’était trop dangereux et on a fini par se promener tranquillement dans les villages, on est allé  au restau etc....

Le retour vers Avignon

Après une nuit d’orages et de pluies diluviennes, les propriétaires du gîte  ont proposé de nous amener, nous et nos trois vélos, en voiture en gare d’Avignon… ce qui a été un grand soulagement pour nous ! La galère d’Avignon en vélo, sous la pluie de surcroît, ne nous branchait en effet que moyennement…
Et voilà !




JF



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